De Jansénius à la mort de Louis XIVLe sujet fondamental de la querelle janséniste, comme le souligne Mgr Guillaume dans sa préface : "c'est le grave et difficile problème des relations entre la grâce de Dieu et la liberté de l'homme". Comment Dieu peut-il respecter cette liberté, s'il donne à l'homme une grâce efficace pour agir selon le bien ? Comment comprendre que la grâce, loin de détruire ou de diminuer la liberté de l'homme, en est, au contraire, la source permanente ? Nous nous représentons trop souvent les relations de l'homme avec Dieu en terme de concurrence : si Dieu fait tout, qu'ai-je encore à faire ? Si j'ai tout à faire, à quoi sert Dieu ? Sil est difficile de définir avec précision le mode de collaboration entre Dieu et l'homme, les opposer l'un à l'autre comme des adversaires n'est certainement pas la bonne solution. Ces querelles d'écoles théologiques, opposant, en particulier, jésuites et jansénistes avec, parfois, des expressions ou des méthodes confinant à la "haine", s'entremêlent avec des différends entre personnes, entre courants spirituels et, aussi, avec des conflits de pouvoir... On imagine mal, aujourd'hui, l'importance de la crise janséniste, l'ardeur des opposants, ses multiple répercussions et implications, bien au-delà de l'arrangement de 1720, jusqu'à la Révolution et au-delà. "Le jansénisme devient un ferment de transformation sociale : en exaltant l'univers de la conscience aux dépens des structures extérieures et du magistère, quelle qu'en soit la forme, il a favorisé le processus d'individualisation dans une société établie sur des liens de dépendance des hommes et des biens ; il a ainsi accéléré l'évolution bourgeoise et contribué au déclin de l'édifice d'Ancien Régime. Jadis traité en "hérésie", c'est-à-dire en déviation doctrinale, il est perçu aujourd'hui comme une composante essentielle de la civilisation occidentale. Aimé Richardt décrit pas à pas la naissance, le développement, le paroxysme et jusqu'au dénouement apparent de ce grand débat, en même temps qu'il met en situation de manière très vivante les principaux protagonistes - ce qui est la meilleure manière pour comprendre.Préface de Mgr Guillaume