Jean-Alphonse Bernard a poursuivi une carrière de haut fonctionnaire qui l'a conduit notamment aux Etats-Unis et en Russie, en Inde et dans le Golfe Persique. Auteur de nombreux ouvrages reflétant son expérience, il livre dans le présent essai le fruit de ses réflexions en matière de philosophie politique, nourries durant de nombreuses années auprès du Centre Raymond Aron de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences sociales. Face aux impasses de la politique contemporaine, nombre d'explications avancées par les sciences humaines, politiques et économiques sont éclairantes, mais manifestent aussi leurs limites. C'est qu'un élément essentiel de la condition politique est aujourd'hui oublié ou occulté : la réalité du droit naturel comme fondement de tout édifice communautaire. Cet essai montre d'une plume remarquable, à la fois concise et pertinente, que l'on a toujours pensé avec ou contre mais jamais sans se référer à loi naturelle. Pour ce faire, il nous guide dans la lecture des "classiques" de la philosophie politique, accomplissant une synthèse originale du rapport à la loi naturelle. Alors que l'on pense que la science a désormais permis de dépasser, et donc de se passer, d'un recours à la loi naturelle, M. Bernard retourne l'argument en démontrant qu'une lecture informée et généreuse des travaux des sociologues ou des anthropologues révèle au contraire les limites d'un "culturalisme intégral" et redonne ainsi une chance à l'idée de nature humaine et, avec elle, à la "loi naturelle". Face à la distorsion croissante entre le sens commun et les élites intellectuelles qui, penseurs, professeurs et journalistes confondus, professent scepticisme ou relativisme absolu de la morale, voici un ouvrage à lire d'urgence pour, comme le dit l'auteur, sortir de "cette contradiction qui fait de nous les bourreaux de nous-mêmes".