En avril 1940, Hans Urs von Balthasar écrit sa première lettre à Karl Barth. C'est le début d'un dialogue qui durera plusieurs années entre l'un des plus grands théologiens catholiques et l'un des plus grands théologiens protestants. C'est aussi le début d'une amitié avec un enthousiasme commun pour Mozart et une estime réciproque. Quels sont les sujets abordés ? Comment la conversation a-t-elle évolué ? Où les a-t-elle menés ? Sachant que l'encyclique du pape Léon XIII Satis Cognitum insiste sur le fait que l'unité de l'Eglise est celle de l'Eglise catholique romaine, on comprend combien était audacieuse l'oeuvre de Hans Urs von Balthasar quand il prônait le dialogue inter religieux notamment dans son expression "Eglise déchirée". Il se souviendra du défi lancé par Karl Barth : si le catholicisme est aussi assuré de soi-même, en quoi devrait-il craindre de se laisser interroger ? Karl Barth quant à lui, comprend bien la théologie catholique, c'est pourquoi il ne manque pas de la critiquer de manière pertinente et incisive. Il lui reproche ce qu'il considère comme une manière de toujours vouloir concilier deux sources de vérité : la théologie et la philosophie, la grâce et la nature, la foi et la raison, la Révélation et la théologie naturelle, l'autorité divine d'une part et d'autre part celle de Marie (presque célébrée comme corédemptrice), du Pape (avec son infaillibilité), et de l'Eglise (dispensatrice des moyens du salut). Le catholicisme est pour lui le seul véritable défi auquel la théologie protestante doit se confronter. Un dialogue entre deux grands maîtres de la théologie chrétienne.