Saint Norbert est né en 1080, à Xanten, dans la vallée du Rhin. Un beau seigneur allemand, cousin de l'empereur Henri IV (celui de Canossa), dont la carrière s'annonce magnifique. Mais le jeune et brillant chanoine de la cour impériale, un jour d'orage dans la forêt de Freden, est foudroyé par Dieu. Jeté comme saint Paul à bas de son cheval, Norbert se convertit. Dans le climat enfiévré d'une Eglise en pleine réforme - c'est le temps de saint Bernard et de saint Bruno, des croisades et des ordres militaires -, Norbert se fait pauvre, prédicateur itinérant, messager fou de l'Evangile. Sa course s'arrête en 1120, dans la forêt de Saint-Gobain, à Prémontré, où il fonde un monastère. Une réussite exceptionnelle, comparable à celle de Cîteaux : un siècle après sa mort, l'Ordre de Prémontré compte six cents maisons en Occident. L'Ordre vit encore aujourd'hui, dans les cinq continents. Norbert meurt en 1134, archevêque de Magdebourg en Saxe, archi-chancelier de l'Empire et intime de l'empereur Lothaire. L'étude des sources primitives permet de restituer ce personnage fascinant, à la fois charmeur et intransigeant. Homme d'Eglise et homme d'Etat : sans peur, sans compromis. Homme de prière aussi, dont saint Bernard, son ami, disait : "D'entre nous, je le sais bien, c'est lui le plus proche de Dieu... "