La sagesse est perçue, aux origines du judaïsme, comme une qualité majeure. On conseille à tout homme de la considérer comme l'idéal humain le plus élevé et comme la vertu la plus exigeante. Il doit lui dire: "Tu es ma soeur", de même qu'il doit appeler la raison "mon amie". On doit par ailleurs du respect à tout homme - qu'il soit juif ou non - qui serait investi d'une quelconque sagesse dans tel ou tel domaine. Il existe même, dans le rituel juif, une bénédiction qui doit être dite quand on se trouve en présence d'un sage. On y remercie Dieu "d'avoir donné de sa sagesse à l'être de chair et de sang". La sagesse biblique et celle de l'époque du Talmud mettent l'une et l'autre l'accent sur l'expérience, la morale et sur le "souci de l'homme élargi à l'humanité". Elles ont, toutes deux, laissé des traces très fortes - éthiques, esthétiques, religieuses - sur la sagesse populaire telle qu'elle va se développer dans les communautés juives à travers le monde. Notamment dans les proverbes, les aphorismes, les récits des légendes, les anecdotes, les histoires de vie, les écrits rabbiniques, les commentaires sur la Bible etc... La saga du hassidisme, dès le XVIIIe siècle et jusqu'à nos jours, s'empare des différents éléments de cette sagesse pour en faire une philosophie de vie, la recette d'un certain épanouissement, une topographie spirituelle, une syntaxe de l'absolu, l'art de la conduite humaine, une métaphysique vivante. Plus encore: un vade mecum.